Chapitre 3-Rapprochement

Nous avons passé un moment à nous défier mutuellement. Je ne crois pas avoir besoin de vous dire qu'il a gagné la plupart du temps, mais j'ai passé un tellement bon moment, que cela m'est bien égal. Puis nous avons décidé de manger un bout ensemble.

 -Alors comme ça, ton but est de devenir médecin ?

-Non, pas médecin mais le plus grand obstétricien du pays.

-Madame à la folie des grandeurs.

-Non, juste le goût de la réussite. Et toi ? Que veux-tu faire de ta vie ?

-Pour le moment, je ne fais rien mais mon but est de trouver mon âme sœur...

-Tu ne l'as pas encore trouvé ?

-Je n'en sais rien... Je vis actuellement chez mes parents. Mais ma petite amie n'a pas l'air d'accepter ma vie...

-Ta vie ? Pourquoi ? Elle a quoi de spécial ?

-Je te raconterais ça, peut-être lors d'un prochain rendez-vous...

La soirée s'est achevé très tard dans la nuit. Aiden est un garçon fantastique en plus d'être magnifique. Je n'ai pas beaucoup dormi mais je dois quand même me lever pour aller travailler. Encore tout euphorique après ma soirée, je ne fais pas attention à ce que je fais. Une odeur de brûlée et une sensation de chaud me tirent de ma rêverie. Mais, je prends feu ! Vite, je tente de m'éteindre. Je l'ai échappé belle.

Aiden est revenue dès le lendemain à l'hôpital. Il souffrait soit-disant du ventre. Mais après plusieurs tests, j'ai dû lui dire qu'il n'avait rien. Il me regarda alors avec son petit sourire qui me fait tant craquer.

-Tu ne devrais pas faire ça tu sais...

-Tu travailles tellement que je n'ai pas trouvé d'autres solutions !

-Et ta petite amie, tu y as pensé ?

-Nous sommes obligés d'y penser ?

Je souris légèrement à cette dernière réplique. Après tout, nous ne faisons rien de mal, non ? Nous parlons simplement entre deux personnes adultes.

-Je suis désolée, mais je vais devoir te laisser. D'autres patients m'attendent.

-Attends, je voulais te demander quelque chose. Ça te dit de m'accompagner au bowling ce soir ?

Le bowling... Pourquoi pas... Je me vois mal refuser, moi, qui bave devant lui depuis tant de jours... Tout content, il m'embrasse sur la joue et disparaît en se fondant dans la foule.

C'est dans une tenue très décontractée qu'Aiden me rejoignit au bowling. Devant son torse aussi musclé, je sens mon cœur ne faire qu'un bond dans ma poitrine. Il est si beau que ça en devient éblouissant. Il m'apprend alors à jouer et je réussis même quelques beaux strikes.

-Alors, je ne suis pas si nulle que ça ? Lui demandais-je en riant.

-Oh non, tu m'as même battu. Je dois m'incliner devant ta supériorité.

-Arrête tes bêtises. Tu es un très bon professeur, c'est pour ça...

-Pour te féliciter de ta victoire et pour ta promotion, laisse-moi t'inviter au restaurant.

-Ce soir ?

-Oui bien sûr. Il est encore tôt ! Ne me dis pas que tu comptais rentrer te coucher ?

Et pourtant, c'est bien ce que je comptais faire ! Mais comment refuser un dîner en tête à tête avec l'homme de mes rêves ? Je décidais de rentrer chez moi pour me changer. Ce fut encore une agréable soirée que nous avons terminée sur un banc.

-Tu es magnifique ce soir.

-Merci Aiden. C'est le contexte qui te fait dire ça.

-Il est vrai que ce festival de l'amour tombe à poing nommé.

-Alors, tu veux bien me parler plus de toi ? De ta famille ?

-Mes parents sont deux hommes.

-Deux hommes ? Mais comment peuvent-ils avoir un enfant ?

-Ma tante Aya est mariée avec le fils de la princesse alien. Elle lui a demandé une potion pour que mes pères puissent tomber enceintes. La princesse a accepté et mon père Steve a pu tomber enceinte.

J'écoutais sans rien dire me demandant s'il ne se moquait pas de moi. Il dut percevoir mes doutes et se mit à rire.

-Qu'est-ce qui te choque à ce point ? Que mes parents soient gay ?

-Oh non pas du tout, ce serait plutôt les aliens qui me choquent...

-Et tu ne sais pas tout. Un jour, je te les présenterais.

-Avec plaisir mais pour l'heure je crois que je vais rentrer. Je travaille tôt demain et il ne me reste pas beaucoup de temps pour me reposer.

Et alors que je m'approchais pour lui faire la bise, je fus prise d'une soudaine envie irrépressible de l'embrasser. Sans réfléchir, je lui volais un baiser avant de m'enfuir comme un voleur à la vitesse de l'éclair.

Je ne fus pas surprise de revoir Aiden le lendemain mais cette fois il avait une bonne raison. Je pris le temps de le soigner et m'éclipsais à chaque fois qu'il voulait me parler. Ma journée fut ainsi très fructueuse et je pus m'occuper d'autres patients. Mon service fini, je me hâtais de rentrer chez moi.

C'est devant l'échiquier du quartier que je décidais de passer ma soirée. Je devais absolument gagner encore un niveau de compétence pour débloquer une nouvelle pièce.

De temps en temps, je regardais mon téléphone espérant secrètement qu'Aiden m'ait envoyé un message. Mais rien... À quoi je m'attendais ? Après l'attitude que j'ai eue à son égard cet après-midi, pas étonnant qu'il ne veuille pas me parler...

C'est ainsi que le soir même, je parvenais enfin au niveau 6 de la compétence logique. Et comme je suis maintenant au niveau 4 de mon travail, je peux débloquer deux autres pièces. Sans attendre, je téléphone à Samuel qui se fait une joie de me donner accès à deux autres pièces. Dans la plus petite, je compte faire une salle de bain et un WC. Et dans l'autre, une autre chambre.

Et c'est lorsque je n'y croyais plus, quand je m'apprêtais à aller me coucher que je reçus le message tant désiré ; « Demain étant ton jour de repos, rendez-vous à 9h au parc de Newcrest ». Je fus si heureuse que je m'endormis paisiblement cette nuit-là.

Alors que je laissais mon esprit vagabonder, je fus surprise de revoir ce couple, celui dont j'avais déjà rêvé la dernière fois. Cette femme aux longs cheveux blonds... Je suis certaine que c'est moi. Et ce jeune homme au corps parfait ressemble tellement à Aiden... Mais cette fois, je ressens la peine de cette fille, Géraldine. Toute cette colère qu'elle garde en elle... Elle l'aimait vraiment... Il l'a abandonné pour cet autre garçon... Mais qui est-il ?

-Mais Steve, pourquoi ? Je croyais que tu m'aimais...

-Je t'ai aimé, oui, mais plus maintenant. Je suis désolé mais je dois te quitter avant que tu ne souffres trop.

-Est-ce vrai que tu me quittes pour lui ? Thomas, c'est ça ?

-Qui te l'a dit ?

-Alors c'est vrai... Mais il est pédé... Pas toi !

-Je t'interdis de parler de lui de cette façon. Je l'aime et puis c'est tout. Il aime les hommes et alors ? Moi aussi, cela ne fait pas de moi un pestiféré, non ?

-Tu n'as pas le droit de me briser le cœur ! Tu es mon âme-sœur !

-Non, tu te trouveras quelqu'un d'autre. Il faut que tu tournes la page. Moi, c'est fait.

Mais qu'est-ce que c'était que ça ? Pourquoi je rêve de ça moi ? Steve... Déjà ce n'est pas Aiden, mais qui est-ce ? Serait-ce une vie antérieure ? Je ne comprends plus rien et je n'ai personne à qui en parler... Je fonds alors en larmes, recroquevillé sur moi-même.

C'était un moment magique. On a bien failli s'embrasser plusieurs fois mais je ne voulais pas précipiter les choses. Pourtant rien que de le sentir tout contre moi.

-Ce n'est pas bien ce que l'on fait...

-Mais pourquoi ? Me demanda sincèrement Aiden.

-Ta fiancée... Si jamais elle l'apprend...

-Je compte la quitter. Nous sommes trop différents et comme elle n'accepte pas l'amour de mes parents, je ne vais pas pouvoir continuer comme ça.

-Es-tu certain que cela te convient ?

-Ne te préoccupe donc pas de ça. Occupe-toi plutôt de nous deux.

Il avait raison, mais, je ne pouvais me faire à l'idée de blesser une personne et d'être la cause d'une rupture. Mais après tout, on ne choisit pas de qui notre cœur va tomber amoureux...

Aiden décida de me ramener chez moi à pied pour profiter un peu plus de notre soirée. C'était, en effet, très agréable de marcher, blottie contre lui, à discuter de nos vies et de nos loisirs.

Et une fois chez moi, il m’enlaça amoureusement avant de m'embrasser. Je sentis sa langue s'insinuer entre mes lèvres entrouvertes et commencer une danse de plus en plus rapide avec la mienne. Sa main était maintenant posée sur mes fesses, mais je la lui retiens. Je n'étais pas encore prête, pas maintenant. Le souvenir de mon beau-père était encore trop présent... Il ne s'en formalisa pas et me chuchota un au revoir avant de disparaître dans la nuit noire.